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le 26 avril 2023
Avis
du comité TM pour l'enquête publique rond-point SCHUMAN
(PU-L2962023) jusqu’au jeudi 11/05/2023 inclus
• concerne : enquête publique SCHUMAN
(PU-L2962023) jusqu’au jeudi 11/05/2023 inclus
Chronologie
:
Étape
Date
Dépôt
30-09-2022
Éléments complémentaires
03-02-2023
Dossier complet
20-03-2023
Début d'enquête publique
12-04-2023
Fin d'enquête publique
11-05-2023
Commission d concertation
30-05-2023
A l’attention du Collège des Bourgmestre et
Echevins
Secrétariat de la commission de concertation
Département Développement urbain
Rue des Halles 4 - 1000 Bruxelles
Madame, Monsieur,
Il y a un élément pour lequel nous nous permettons
de suggérer d'être extrêmement attentif : il
s'agit du réaménagement du rond-point Schuman,
qui ne peut raisonnablement être découplé du
réaménagement de l'avenue de Tervueren, comme
d’autres aménagements concomitants dans les cartons,
à l’étude, à l’enquête publique, en cours de
réalisation ou récemment réalisés.
Ce projet de réaménagement du rond-point Schumann
concerne la pénétrante Tervueren-Loi (*) sur
laquelle une certaine fluidité de tous les
trafics et la préservation des perspectives y sont indispensables.
1)
MOBILITE
2) ROND-POINT & PERSPECTIVE
3) COÛT
4) DES AMENAGEMENTS POUR QUI ?
5) UN PROJET - 2 DEMANDES DE PERMIS
1) PROBLEMATIQUE DE
MOBILITE A UNE ECHELLE PLUS GLOBALE :
Le rond-point est un lieu de
passage important pour les habitants du quartier et des
environs qui ne pourront plus y passer, contribuant aussi à
renforcer le trafic sur les autres passages Nord/Sud (entre
autres de la périphérie vers le centre par Merode, la
joyeuse entrée, la chaussée d’Etterbeek).
Par contre, le trafic de transit en provenance de Kortenberg
est maintenu, c'est-à-dire que l’on privilégie les
déplacements de transit à partir des deux autres régions par
rapport aux déplacements inter-quartiers d’origine plus
locale.
C’est un peu la même chose à
laquelle les riverains de l'avenue de Tervueren ont été
confrontés
(entre Merode et Stoclet) avec les pistes cyclables
réfléchies d'abord par rapport au trafic en provenance
de l’extérieur de la région plutôt qu'en fonction
des habitants locaux …
Ceci donne tout son sens à
une réflexion à mener plus globalement sur l’ensemble de la
pénétrante Tervueren-Loi, des Quatre-Bras à la petite
ceinture.
Ce projet rond-point Schuman, mais aussi le projet de
suppression du viaduc Hermann-Debroux, le projet du Parkway
E40, de la place Meiser, l’aménagement cyclable de la rue de
la Loi, les enjeux autours de l’aéroport de Zaventem …, ont
une influence les uns sur les autres et bien entendu sur
l’avenue de Tervueren.
En effet, tant l'avenue de
Tervueren (N3) que la rue de Kortenberg (débouché de l'E40)
sont des axes d'importance nationale (en atteste, leur
numérotation) et contribuent à maintenir le principe ancien
d'un territoire bruxellois au service des deux autres
régions mais aussi de l’Europe et cela au détriment souvent
des habitants de la région.
L'automobiliste venant de
l'est (ou son GPS) doit en effet choisir un itinéraire ou
l'autre en fonction de son état d'engorgement. Saucissonner
les projets n'a ici aucun sens tant d'un point de vue santé
humaine que de sécurité routière. Il est bien évidemment
préférable que le trafic de transit soit encouragé à
emprunter l'E40 (ou l'E411 pour des usagers de et vers
Namur) plutôt que la N3.
Aussi, il semble souhaitable que le trafic de transit ne
soit surtout pas encouragé à passer par l'avenue de
Tervueren (N3).
Ceci, en considérant, comme plus haut, ce trafic de transit
comme un mal inévitable, sans politique visant à le réduire
à la source…
Or, la représentation d’architecte du projet de rond-point
Schuman ci-dessous appelle les remarques
suivantes :
1.-
Il n'y a plus qu'une seule voie sur le rond-point, ce
qui limitera la capacité à quelque 1000 véhicules par heure.
En cas d'engorgement, tout passera par les voiries
périphériques qui desservent les quartiers encore habités
et par Tervueren (Merode-Stoclet) où l'on prévoit dorénavant
des passages pour piétons, mais tout de même deux voies dans
le sens de l’entrée.
Est-il raisonnable d'inciter l'automobiliste à se répandre
dans les artères résidentielles ? Les habitants de l'avenue
de Tervueren sont pour l'instant relativement peu
revendicatifs en matière de bruit, mais les pouvoirs publics
ne doivent pas en abuser. Certains habitants cependant
verraient bien un tunnel tout le long de l'avenue entre
Merode et Léopold II. Mais sans se lancer dans un projet
aussi coûteux, il serait peut-être plus pertinent de
réaménager correctement les voiries existantes
2.-
Dans le prolongement de la remarque précédente, la
bretelle d'entrée sur la rue de la Loi (à partir de
Kortenberg) resterait à une seule voie comme
aujourd'hui et la capacité de la rue de la Loi n'irait pas
en augmentant.
3.-
Une autre remarque négative : la piste cyclable le
long du rond-point serait bidirectionnelle. Ceci
est surprenant en regard des nombreuses études
sécuritaires le déconseillant.
4.- Il n’est plus possible pour l’habitant
rentrant chez lui d’utiliser le rond-point pour rejoindre
son domicile.
Nous pensons au
contraire
:
1.-
qu'il serait préférable de garder deux voies sur le
rond-point Schuman et de ménager une deuxième
voie sur la
bretelle d'entrée de la rue de la Loi devant le Berlaymont,
2.-
que le trafic de transit devrait être concentré sur
les axes bureaux plutôt que sur les axes habitants car,
contrairement au discours qui consiste à annoncer que
l’aménagement permettra de diminuer la pression du trafic
automobile de transit sur le Quartier Léopold,
l’étude d’incidence montre que les voitures ne pouvant plus
passer par le rond-point (devenu place Schuman) où il n’y a
que des bureaux auront tendance à transiter par les axes
restés ouverts pour
assurer le passage entre le Nord et le Sud de la rue de la
Loi,
c’est-à-dire là où habitent encore des riverains, par
exemple avenue de la
Joyeuse Entrée ou sur la chaussée d’Etterbeek et à
Merode de l'autre côté du parc,
3.-
que le tunnel Kortenberg devrait être porté
à deux voies, comme il l'était historiquement, semble-t-il,
4.- que la piste cyclable sur le
rond-point soit monodirectionnelle,
5.- qu’il faut permettre une
certaine connexion avec les rues débouchant sur le
rond-point, pour permettre aux habitants motorisés (au
minimum de rentrer sur la place ou d’en sortir).
2) ROND-POINT & PERSPECTIVE :
Indépendamment de ces questions de "plomberie" routière, il
est une autre question qui nous touche particulièrement,
celle de la fonctionnalité du rond-point
Schuman (restriction des usages que l’aménagement proposé
induit) ainsi que celle du monument sur ce rond-point
proprement dit car il va clairement contribuer à
dénaturer la perspective vers le Cinquantenaire à partir du
centre-ville quand la tour ’The One’ l’a déjà gâchée
à partir de l’avenue de Tervueren.
Ce que le projet ne dit pas trop, c’est qu’il s’agit
probablement de
« neutraliser » un espace qui est souvent utilisé
pour les manifestations, d’où l’encombrement par des murets
de protection anti-camion-bélier, des dénivelés avec
escalier et la structure architecturale « soucoupe
volante » miroitante donc fragile. Tout ceci va permettre
aussi d’y interdire les rassemblements (protestataires).
Conséquence, le rond-point de circulation deviendra une
place encombrée et sécurisée sur laquelle y compris les
rassemblements festifs tels que la fête du pain ne pourront
plus s’y tenir. Comme pour les voitures, faudra-t-il nous
résoudre à recevoir les manifestants dans les rues
adjacentes?
Le ministre Pascal Smet avait tenté de « vendre » son
projet (c’est bien lui qui a été à l’initiative dans la
législature précédente) en mettant en avant que ce monument
incongru allait attirer le touriste en mal de selfie
étonnant.
Là
aussi, on justifie le projet principalement par
l’effet sur le visiteur plutôt que de favoriser une « vie de
quartier »,
l’international plutôt que le local.
Comme
contre-exemple inspirant, voici, ci-dessous, la
perspective de l'Arc de Triomphe
vue depuis les Tuileries, à l'intérieur duquel
s'inscrit magnifiquement le site de la Défense,
pourtant construit à un autre siècle (NB : la photo ne
reproduit qu'imparfaitement la réalité).
3) COÛT :
Troisième remarque, le coût exorbitant de l’opération.
Pour nous faire une idée, nous nous sommes informés
au sujet d’un projet analogue réalisé à Marseille au fond du
Vieux Port :
- d’abord, l’ombrière est placée sur le côté et pas dans
l’axe de la Cannebière,
- ensuite l’espace du quai des
Belges (mais oui) est beaucoup plus vaste que le
rond-point et s’ouvre sur le large : l’aménagement est donc
beaucoup moins encombrant,
- cela a
coûté néanmoins une belle somme, 60
millions d’Euro il y a 15 ans dans un contexte
difficile (terrain de nature marécageuse) mais autant que le
sous-sol du rond-point (tunnel, métro, impétrants de
toutes sortes …).
Au début, la somme d’environ 5
millions avait été annoncée pour Schuman, puis c’est
devenu 8 millions, maintenant on parle de plus de 20
millions
Est-ce que ce plan de relance doit servir à
susciter des selfies? Mais il est fort probable que les
coûts pour le public ne s'arrêteront pas à cela. A côté, la
Région bruxelloise
a répondu à un appel d’offre européen pour aménager
le parcours piétons entre les Musées du centre avec ceux du
Cinquantenaire, le Green Museum Mile. Si le projet
est retenu, il y a 5
millions pour le réaliser, bien moins que les 20
millions déjà envisagés pour un mauvais projet sur
Schuman alors qu’il s’agit enfin de requalifier un ensemble
d’espace public bien plus étendu et utile, et pas seulement
pour les visiteurs de Bruxelles...
Ce hiatus manifeste aussi comment l’on favorise plutôt les
uns au détriment des autres.
4) DES AMENAGEMENTS
POUR QUI ? :
En règle générale, avec ce projet Schuman, nous ne sortons
toujours pas de la logique de Bruxelles au service des
autres d’abord, éventuellement
- ensuite
- pour améliorer le cadre de vie des bruxellois.
Lors de la première bruxellisation des années 60/70 du
siècle dernier, le gouvernement fédéral voulait une ville au
service des deux grandes régions, d’où les autoroutes
urbaines et la jonction Nord-Midi ou la tertiarisation du
territoire (Quartier Léopold et Quartier Nord
principalement).
La seconde bruxellisation de Bruxelles est plutôt marquée
par le virage métropolitain et la concurrence internationale
entre les grandes métropoles. Au lieu d’être menées par un
pouvoir fédéral non bruxellois (à l’époque où la Région
bruxelloise n’existait pas encore), c’est de l’intérieur de
la région qu’elle prend sa source aujourd’hui, notamment
sous la pression de la Commission européenne (chantage au
départ vers d’autres pays plus à l’Est). Mais l’objectif
reste le même, il s’agit de réfléchir la ville au service de
l’extérieur plutôt que de favoriser ceux qui habitent encore
la ville.
5) UN PROJET - 2 DEMANDES DE PERMIS :
La nouvelle astuce du gouvernement bruxellois pour « pourrir » la
vie des habitants récalcitrants est
simple : l’introduction d’un nouveau permis d’urbanisme,
alors que le précédent en recours n’a toujours pas
été traité par le Conseil d’Etat.
Voilà les associations d'habitants confrontées
à un nouveau sac de
nœuds juridique constitué de 4 pelotes entremêlées :
- un premier permis d’urbanisme délivré contre lequel les
associations et commerçants sont allés en recours au Conseil
d'Etat,
- un début de travaux attendu par les associations pour
aller en référé devant le Conseil d’Etat,
- des travaux d’impétrants déjà en cours dont ils ne savent
pas clairement s’ils constituent un début de travaux,
- un deuxième permis d’urbanisme, actuellement à l’enquête,
contre lequel il sera aussi nécessaire d'aller en recours un
jour.
La Commune d’Etterbeek a introduit aussi un recours au
Conseil d’Etat afin de redonner un double sens de
circulation à l’avenue de la Joyeuse Entrée alors que le
projet initial l’avait supprimé.
Le deuxième
permis d’urbanisme a été nécessaire pour que la Commune
d’Etterbeek retire son recours. Pour pallier
le blocage du trafic local, le rond-point renvoie
maintenant ce trafic sur une voirie adjacente dont il était
prévu qu’elle soit apaisée,
notamment pour assurer un lien plus agréable entre la
rue de la Loi et le parc du
Cinquantenaire. Résultat :
on oppose les voitures, qui ne pourront plus passer
par Schuman
aux piétons, mais aussi les nombreux habitants des
immeubles d’appartement situés en face du parc
Ceci illustre une nouvelle fois la stratégie des pouvoirs
publics qui consiste à monter les oppositions les unes
contre les autres.
(*) la pénétrante Tervueren-Loi est composée de :
Quartiers des Arts, AQL, GAQ et comiteTM
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