Publié le samedi 02 octobre 2021 - https://lpost.be/2021/10/02/brussels-airport-deception-des-participants-au-forum-sur-le-survol-et-le-bruit-des-avions/ 

Les participants au forum sur le dossier du survol de Bruxelles et du bruit des avions de Brussels Airport sont sortis insatisfaits de la rencontre. Ils dénoncent une réunion de 4 heures pour tourner en rond, aucun agenda, une mauvaise organisation, pas de vision des objectifs, des intérêts fondamentalement opposés et surtout la confidentialité exigée des débats. Voici l’état des commentaires glanés ci et là sur la réunion de jeudi soir. Les participants sont partagés entre colère et révolte.

Eurocontrol, jeudi 30 septembre, 22h10. Dans la nuit et le brouillard, nous attendons dans le noir, la sortie des participants à la table ronde sur le survol, mais on ressent tout de suite un grand malaise en conclusion de cette réunion lorsque nous interpellons les mandataires et riverains : « la confidentialité des débats est exigée, mais d’emblée les syndicats présents ont annoncé qu’ils évoqueraient le contenu de nos débats en retour vers leur base donc on ne comprend pas à quoi on joue »,nous confie une personne présente.

Afin d’éviter toutes représailles, nous ne préciserons ni le genre ni les qualités des participants ayant pris la parole dans le forum, mais toutefois ont accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat. Personne n’a voulu s’avancer sur le contenu des exposés, mais nos interlocuteurs acceptent d’évoquer uniquement l’ambiance. Il en ressort une très grande méfiance, une perte de temps, un doute : tout le monde y voit un piège du politique. Le ministre Gilkinet serait effectivement resté cinq minutes, et ses représentants n’ont strictement rien dit, mais par contre, ils ne se seraient pas gênés de contrôler la modératrice et de lui souffler ce qu’elle devait faire.

Participants classés par zones

L’absence de méthodologie et de cadre de travail est pointée : pas d’agenda, pas de liste des participants, pas d’ordre du jour, le flou total à la petite semaine, des erreurs énormes de traduction simultanée et une modératrice qui fait plus le show en voulant plaire à tout le monde mais qui ne connais pas le dossier. Pas de P-V, ni de compte rendu. Les slides de présentation sont considérés comme confidentiels et ne seront pas communiqués « je me suis fait remballer après avoir demandé que l’on nous adresse les présentations ».

Les présents étaient classés en zones, ce qui n’a vraiment pas plu, et le temps de parole était limité zone par zone. Ces zones ne représentant rien, il valait mieux répertorier les personnes par problématique de survol/piste, plutôt que par une découpe géographique fictive.

Le directeur du transport aérien, Koen Milis, ne s’est exprimé qu’en néerlandais, ce qui a choqué beaucoup de participants. Ils estiment qu’en tant que représentant une administration fédérale bilingue, il aurait dû faire une partie de son exposé en français. D’après eux, il a donné une mauvaise image de son service. De plus, son exposé sur les utilisations des pistes et des routes était tout sauf correct, trop d’erreurs sur les décisions de justice, beaucoup de confusion sur la réglementation. Certains participants ont parfois fait de l’humour. « Milis et ministre cela semble fort proche, et certains orateurs ont pris le DG du transport aérien pour le ministre. Ça a détendu l’atmosphère », sourit une participante.

Deux clans totalement opposés

Les débats ont démontré qu’il y avait nettement deux clans : l’économique et l’environnemental. Syndicats, patronat, compagnies aériennes et exploitant aéroportuaire ensemble pour défendre la reprise du transport aérien, la croissance et le développement programmé de Bruxelles-National. De l’autre, sur la même longueur d’onde : des bourgmestres, toutes régions confondues, et des associations, pour exiger un meilleur environnement, le droit à la santé, la fin des vols de nuit et une diminution de la pression acoustique générée par le bruit des avions.

"On se demande ce qu’on est venu faire ce soir, perdre son temps, entendre ce que l’on savait, constater nos divisions, et assister à un show d’un ministre qui tente par ses états généraux d’échapper à une condamnation d’un tribunal flamand."

Nous n’avons eu aucune réponse à nos questions ce soir, s’étonne un membre du forum, d’autant que les autres acteurs officiels du gouvernement – à part le transport aérien – n’ont pas pris la parole, et se sont vite éclipsés à la sortie pour ne surtout pas entrer en contact avec les participants, terrorisés aussi à l’idée de se retrouver face à des journalistes. « On se demande ce qu’on est venu faire ce soir, perdre son temps, entendre ce que l’on savait, constater nos divisions, et assister à un show d’un ministre qui tente par ses états généraux d’échapper à une condamnation d’un tribunal flamand. Croire qu’on arrivera à un consensus et que les solutions seront prises par un forum à la place du gouvernement est un peu court comme réflexion. La méthodologie Ecolo de la concertation publique a ses limites, le ministre Gilkinet ne doit pas fuir ses responsabilités, il lui appartient de décider, de respecter les jugements et de nous présenter un vrai cadastre du bruit. On tourne en rond, cette réunion était vraiment très mal préparée et mal organisée. Même les sandwichs n’étaient pas appétissants et il manquait de desserts ».

Vers 22h48, un énorme avion à quatre moteurs nous survole dans un bruit effrayant, volant tout droit sur Bruxelles juste avant le début des vols de nuit, histoire de bien faire comprendre à tous les riverains de Bruxelles-National que la nuit opérationnelle ne débute qu’à 23h précises, et surtout qu’on est encore très très loin d’une solution satisfaisante. Mais taisons-nous car la confidentialité des débats est exigée…

B.Y