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La Flandre a des vues sur Brussels Airport (L’Echo - 01/9/2018) |
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Macquarie
vend sa part
dans
Brussels
Airport. La
Flandre est
intéressée.
Un rachat
politiquement
délicat.
Le groupe
australien Macquarie
souhaite se
défaire de
la part de
36% qu’il
possède
depuis 14
ans dans
Brussels
Airport. Le gouvernement
flamand envisage,
via sa
société
d’investissement
PMV,
d’acquérir
une
participation
dans
Brussels
Airport.
L’aéroport
bruxellois
est
actuellement détenu
par l’État (25%
+une
action), le
fonds de
pension
canadien
OTPP (39%)
et
l’australien
Macquarie
(36%), qui
souhaite
vendre sa
part.
On s’attend
à ce que la vente
soit lancée
à l’automne.
Et des
marques
d’intérêt
proviennent
déjà
d’Europe,
d’Amérique
du Nord, du
Moyen-Orient
et d’Asie. Rien
ne devrait
changer dans
la position
du
gouvernement
fédéral (25%
+ une
action).
Aperçu du
deal à
venir.
1. Combien cela coûtera-t-il?
La
transaction
s’annonce
d’envergure
à l’échelle
belge. Dans
le cadre de
transactions
comparables
récentes, des
aéroports
ont été
valorisés à
jusqu’à
vingt fois
leur
excédent
brut
d’exploitation (Ebitda)
et parfois
au-delà
encore.
L’aéroport
de
Copenhague a
été vendu
l’an dernier
pour une
valorisation
de 13 fois
l’Ebitda,
alors que le
même rapport
a été de
26,5 pour
Leeds-Bradford
tandis que
Nice a été
valorisé
l’année
d’avant à
environ 20
fois son
excédent
brut
d’exploitation.
Brussels
Airport a
enregistré
l’année
dernière un Ebitda
de 309
millions
d’euros;
à 20 fois
l’Ebitda, il
pourrait
bien
représenter
une valeur
d’entreprise
(dettes
comprises)
allant
jusqu’à 6
milliards.
Si l’on en
retire la
dette nette
(qui
tournerait
autour de
1,5
milliard),
il reste une
valeur en
actions de
4,5
milliards
environ.
Autrement
dit, les
parts de
Macquarie (36%) valent –
pour ce prix
certes
théorique – environ
1,5 milliard
d’euros.
Lorsque
Macquarie a
rejoint
l’actionnariat
de
l’aéroport
en 2004, il
a acheté 70%
des parts
pour 735
millions
d’euros. Un
achat
largement
rentabilisé
en l’espace
de sept ans,
via les
généreux
dividendes
de
l’aéroport
et via la
vente de 39%
de Brussels
Airport à
OTPP en
2011. Les
Australiens
en auraient
retiré 750
millions
d’euros.
2. Qui pour entrer en lice?
Le dossier
attire
surtout des
investisseurs
étrangers à
long terme
tels que
fonds de
pension et
d’infrastructures,
et
assureurs.
Les
investisseurs
de ce type
s’associent
à des
projets
d’infrastructure
dans une
optique de
diversification
et dans
l’espoir
d’en retirer
davantage de
rendement.
Les plans
vont bon
train en
coulisses en
vue de
former des
consortiums.
On a ainsi
appris que
les fonds de
pension
canadiens Omers,
Canada
Pension Plan
et CDPQ et
leurs
homologues
néerlandais APG
et PGGM sont
actifs sur
le dossier,
de même que
l’assureur Allianz.
On parle
également
d’intérêt en
provenance
de Chine.
Mais c’est
une
perspective
délicate,
s’agissant
d’un actif
stratégique
comme
l’aéroport.
Côté belge,
les noms des
assureurs AG,
Ethias et
Belfius
Insurance sont
évoqués,
ainsi que
celui de PMV.
Il est très
possible
qu’un
consortium
intégrant un
membre belge
ou flamand
se forme
pour
s’assurer
une longueur
d’avance
dans ce
dossier
stratégique.
Il n’est pas
exclu que
plusieurs
acteurs
sortent du
bois dans le
même
consortium.
3. L’aéroport est-il rentable?
La
croissance
de Brussels
Airport a de
quoi faire
saliver les
investisseurs.
À l’époque
où Macquarie
est entrée
dans son
capital, en
2004,
l’aéroport
accueillait
15,6
millions de
passagers.
L’an
dernier, ils
ont été 24,8
millions à
transiter
par Brussels
Airport et
tout indique
que cette
croissance
se
poursuivra.
En 2004, le
chiffre
d’affaires
de
l’aéroport
s’élevait à
304 millions
d’euros et
son Ebitda à
136
millions.
Ces chiffres
étaient
respectivement
de 552 et
309 millions
l’an
dernier.
Autrement
dit, pour
chaque
dizaine
d’euros
entrant dans
les caisses,
l’aéroport
bruxellois
conserve
près de 6
euros en
excédent
brut.
Cette
rentabilité
se traduit
pour les
actionnaires
en un flux
incessant de
dividendes.
Depuis 2013,
Brussels
Airport a
ainsi versé
plus de 350
millions
d’euros, ce
qui lui a
valu le
surnom de "machine
à dividendes".
4. Un dossier politiquement délicat
Brussels
Airport se
situe en
Flandre, mais
est
considéré
comme un aéroport
belge.
Le fait que
la Flandre,
par le
truchement
de PMV, se
lance dans
la course
pour une
partie de la
part
Macquarie
est
symbolique,
mais menace
toutefois
d’être politiquement
problématique,
à Bruxelles
mais aussi
au Fédéral.
Le MR, le
parti du
Premier
ministre,
acceptera-t-il
que la
Flandre
investisse
dans
l’aéroport?
Il est
également
bien
possible que
des
critiques
soient
émises à ce
sujet en
provenance
de la
Wallonie. On
risque de
voir le
dossier
prendre
rapidement
un tour
communautaire.
Le dossier
risque en
outre
d’aviver le conflit
entre la
Région
bruxelloise
et la
Flandre à
propos des
normes en
matière de
nuisances
sonores et
des routes
aériennes.
Quand
Bruxelles a
renforcé les
normes de
bruit il y a
un temps de
cela, elle a
suscité le
courroux de
la Flandre,
car c’était
mettre en
jeu l’avenir
de
l’aéroport,
principal
moteur
économique
du pays avec
le port
d’Anvers.
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