Brussels Airport: le ministre Gilkinet s’occupe, enfin, du bruit des avions
(L-post - 30/9/2021)
Publié le jeudi 30
septembre 2021 -
https://lpost.be/2021/09/30/le-ministre-gilkinet-soccupe-enfin-du-bruit-des-avions/
Une réunion de
concertation avec
les bourgmestres et
riverains se tiendra
ce jeudi. C’est trop
tard selon certaines
associations. Les
décisions de justice
ne sont pas
respectées. Ce
dossier n’a plus
évolué depuis 2014 à
l’insatisfaction de
tous. Le cabinet
Gilkinet ne répond à
personne, et
l’organisation de la
réunion est loin
d’être parfaite.
Enfin, un an jour
pour jour après sa
nomination, le
ministre Gilkinet va
s’occuper de
l’aviation et du
difficile dossier
(communautaire) des
survols autour de
l’aéroport fédéral
de
Bruxelles-National.
Pour de nombreux
acteurs, c’est bien
trop tard, car il
est manifeste que le
parti Ecolo a tiré
le valet noir en
acceptant le
portefeuille des
transports, une
compétence au savon
noir, remplie
d’obstacles, de
pièges et de
mensonges.
Au vrai, un jugement
d’un tribunal
flamand de mai 2018,
obtenu à
l’intervention de
quelques communes du
Brabant flamand
situées au nord de
Bruxelles, impose de
tenir des « états
généraux du
transport aérien »
avec tous les
partenaires
possibles et
imaginables réunis
autour de la même
table (*). Le précédent
Ministre Bellot n’a
jamais appliqué
cette condamnation,
se contentant de
botter en touche et
feignant de ne pas
comprendre la
décision judiciaire.
« Les communes de Crainhem et de
Wezembeek-Oppem sont
en appel de ce
jugement », nous
précise le
bourgmestre MR
Frédéric Petit, «
car le juge flamand
a violé la
séparation des
pouvoirs, imposé une
concertation avec
les régions et les
communes sans
respecter les
compétences
fédérales issues des
lois du 8 août 1980,
et enfin ce premier
juge enfreint le
pouvoir
discrétionnaire de
l’Etat belge dans
l’organisation des
vols, ce qu’un autre
juge a à nouveau
rappelé dans un
récent jugement de
février 2020,
déboutant toutes les
communes du
Noordrand. Je ne
comprends donc pas
l’attitude de
Gilkinet qui
applique un mauvais
jugement rempli
d’erreurs juridiques
manifestes et qui ne
bouge pas sur
d’autres
condamnations
sévères pour
lesquelles sans
aller en recours il
a acquiescé aux
condamnations ».
Peggy Cortois,
l’administratrice
délégué de l’asbl
UBCNA qui fête en
septembre ses 30 ans
rejoint ses
bourgmestres car
selon elle « il
manque la base
légale pour
organiser ce forum,
les personnes
invitées sont
informées
séparément, on n’a
pas de vision des
personnes présentes,
pas d’ordre du jour,
on serait 80 avec un
temps de parole de 3
minutes, 4 heures de
réunion en soirée,
avec une modératrice
issue du Noordrand
et faisant partie de
l’équipe d’une
troupe satyrique,
cela ne fait pas du
tout sérieux ».
Selon nos
informations, un
énorme déséquilibre
linguistique
condamnerait la
pertinence de la
réunion : les
bourgmestres
flamands sont
sur-représentés,
mais les
associations
francophones et
bruxelloises sont
également trop
nombreuses. Et parmi
les bourgmestres du
Brabant flamand,
nombreux sont ceux
qui soutiennent
l’activité
économique de « leur
» Zaventem (car
Bruxelles-National
n’existe pas en
Flandre) comme le
député Fédéral Tim
Vandenput, VLD d’Hoeilaert,
qui va même au
parlement demander
au ministre Gilkinet
de « fermer les yeux
» sur divers non
respects des normes
de bruit des avions
pouvant décoller la
nuit au motif que
ces avions boostent
l’activité
économique de
l’aéroport.
Rappelons aussi
qu’une revendication
permanente de la
Flandre, et aussi
curieusement de la
direction de
Brussels Airport
Company, est
d’obtenir la
suppression
définitive de ces
fameuses normes de
bruit bruxelloises
liées au survol des
avions. De plus du
côté flamand, on
estime que Bruxelles
(comprenez le cœur
historique de
Bruxelles, la
Grand-Place) n’est
pas assez survolée
(car Evere,
Schaerbeek et Woluwé
selon eux ne
représentent pas
Bruxelles) et qu’il
faut une loi pour
cadenasser une
certaine dispersion,
alors que la justice
interdit justement
toute politique de
dispersion sans
mesures préalables
d’accompagnement.
Finaliser le
cadastre du bruit
La délégation de la
conférence des
bourgmestres
bruxellois rappelle
qu’il convient
d’abord à l’Etat
belge de présenter
un cadastre
convenable de la
situation et des
bruits autour de
l’aéroport. L’Etat
belge a déjà été
condamné à 3
reprises pour défaut
de fournir une étude
valable, et doit
sous peine
d’astreintes en
présenter une
correcte avant mai
2022. Le bourgmestre
ff d’Evere, le PS
Ridouane Chahid a
déjà réagi en
estimant que le
ministre Gilkinet
devait avoir le
courage de prendre
ses responsabilités,
et qu’il était exclu
que le forum de
concertation
devienne un lieu de
décision. Ce
cadastre est attendu
depuis 2003 et n’a
jamais été réalisé,
car son résultat
déplairait à
certains, en
démontrant qu’une
zone tout
particulièrement est
la moins densément
peuplée : soit celle
aux bords du Ring de
Bruxelles entre
Vilvorde et
l’échangeur de
Zellik.
Respecter les
décisions de justice
S’il y a bien un
point qui fait
l’unanimité entre
tous les
francophones,
bourgmestres et
associations, c’est
le respect des
décisions de
justice. Comme
l’explique le
waterlootois Charles
Sohet de
l’association Piste
01 : « l’Etat belge
a été condamné à de
nombreuses reprises
tant pour sa manière
d’organiser les vols
sur la piste
d’atterrissage 01
que sur les routes
de départ du Canal
et du Ring, avec de
sévères astreintes.
Les jugements sur la
piste 01 sont très
clairs, l’Etat doit
au sens de l’article
1382 du Code Civil
indemniser et
réparer. Or le
Ministre Gilkinet
n’a fait
qu’indemniser, et ne
répare nullement le
préjudice subi par
les riverains de
cette piste. En
outre, la Cour
d’Appel annule toute
une série
d’instructions
ministérielles et
n’en valide qu’une
et une seule, une de
juillet 2013 prise
par Wathelet, et qui
selon la Cour est
déclarée motivée,
légale, licite,
complète et surtout
respectant l’article
8 de la CEDH ».
Florence Reuter, la
Bourgmestre MR de
Waterloo soutient
l’association Piste
01 et ne comprend
pas l’inertie du
ministre Gilkinet.
"Le ministre
Gilkinet oublie
qu’un cahier commun
de revendications a
été signé par plus
de 16 associations
et réclame la fin
progressive des vols
de nuit, et la
maîtrise du trafic
aérien de jour."
Ce qui a
dernièrement énervé
le plus le
landerneau, est la
déclaration de
Gilkinet à la RTBF,
prétendant que les
jugements étaient
contradictoires et
que les associations
ne parvenaient pas à
s’entendre. « Le
ministre oublie
qu’un cahier commun
de revendications a
été signé par plus
de 16 associations
et réclame la fin
progressive des vols
de nuit, et la
maîtrise du trafic
aérien de jour »,
explique Bertrand
Waucquez,
bourgmestre
indépendant bilingue
de Crainhem.
D’autres acteurs
insistent sur le
respect de la
réglementation
européenne, comme la
navigation par
satellite qui impose
de publier de
nouvelles procédures
d’atterrissage avant
janvier 2024, en
Belgique toutes les
pistes même
militaires sont
passés au guidage
satellitaire sauf …
deux pistes de
Bruxelles-National,
les 07, car elles
survoleraient
Bruxelles en
approche.
Un dossier au
frigo depuis 2014
l’ancienne ministre
Jacqueline Galant
avait annoncé
qu’elle ne se
laisserait pas
instrumentaliser
dans ce dossier. Son
remplaçant François
Bellot avait promis
de l’aborder de
façon scientifique
par des mesurettes.
Pourtant rien n’a
plus été fait depuis
2014. Pire les
restrictions
opérationnelles sur
les avions bruyants
n’ont plus été
adaptées depuis 2010
alors que la flotte
aérienne a
considérablement
évolué. Ce dossier
est aussi
communautaire, une
bombe à retardement
pour tout
gouvernement, le
seul dossier
empoisonné depuis
que la scission de
BHV est devenue
effective. En effet,
les routes, les
usages de pistes,
tout est un jeu de
vases communicants.
Une correction à
gauche entraîne un
accroissement du
trafic de l’autre
côté et inversement.
Tous les acteurs
représentants les
communes et les
associations
s’accordent aussi
sur un point : il
faut prendre des
mesures contre les
avions gros
porteurs, les avions
polluants et
anciens, éliminer
les avions lourds et
bruyants surtout la
nuit, mais aussi le
matin et le soir.
D’où leur
revendication de
limiter le poids des
avions la nuit, de
diminuer le niveau
individuel de bruit
toléré et d’étendre
la nuit à une plage
respectable qui
serait comprise
entre 22 heures et 7
heures.
"Le dossier du bruit
des avions est aussi
communautaire, une
bombe à retardement
pour tout
gouvernement, le
seul dossier
empoisonné depuis
que la scission de
BHV est devenue
effective."
Les acteurs
officiels se taisent
dans toutes les
langues
Le ministre Gilkinet
qui, paraît-il, ne
resterait pas plus
que 5 minutes à la
première session de
ces états généraux,
a refilé la patate
chaude de la
concertation à son
administration du
transport aérien, la
DGTA, une
administration
complètement éteinte
et qui n’a plus rien
eu à dire dans ce
dossier depuis
Schouppe en 2008. La
DGTA est exsangue,
ne compte plus de
vrais experts, ne
connaît pas la
question et est
dirigée par un
certain Koen Milis,
qui sera mis à feu
et à sang sur de
nombreuses questions
techniques, alors
qu’il est d’abord un
manager avant de
maîtriser l’aspect
technique du survol.
Les autres acteurs
tels l’aéroport, les
compagnies
aériennes, le
contrôleur aérien
skeyes, le
régulateur horaire
et le médiateur sont
aussi invités. Mais
il est fort probable
qu’ils viennent tout
simplement écouter
et qu’ils n’ont pas
du tout l’intention
de se mouiller face
aux autres
participants qui
sont insatisfaits et
qui ne se
contenteront jamais
de leurs réponses
approximatives.
La majorité des
acteurs iront à
cette réunion avec
des pieds de plomb,
n’en attendent
strictement rien, et
regrettent le
silence total de
Gilkinet depuis un
an, et ne pensent
pas que ces réunions
du forum de
concertation
aboutiront au
moindre résultat.
Entre-temps, le
compteur des
infractions tourne,
et le ministre
Gilkinet ne respecte
toujours pas
diverses décisions
de justice
favorables aux
francophones,
lesquels l’ont
récemment mis en
demeure … en vain.
C. V. E.
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(*)
Ordonne à la partie
défenderesse, l'ÉTAT
BELGE, représenté
par le ministre de
la Mobilité, en
charge de
Belgocontrol et de
la Société Nationale
des Chemins de Fer
Belges, d'organiser,
au plus tard à
partir du lundi 17
septembre 2018, des
" États généraux de
l'aéroport de
Bruxelles ", avec au
moins les missions
suivantes :
i.
Autant que possible,
de conclure un
"pacte sur
l'aéroport de
Bruxelles et son
avenir"
ii.
Autant que possible
par consensus, mais
au moins à la plus
grande majorité
possible, de
conseiller l'Etat
belge, représenté
par le Ministre de
la Mobilité, en
charge de
Belgocontrol et la
Société Nationale
des Chemins de Fer
Belges, sur la
nécessité et, le cas
échéant, le contenu
d'une loi sur la
navigation aérienne
ou d'une loi sur le
fonctionnement de
l'aéroport de
Bruxelles National,
iii.
Autant que possible
par consensus, mais
au moins à la plus
grande majorité
possible, de
conseiller l'État
belge, représenté
par le ministre de
la Mobilité, en
charge de
Belgocontrol et de
la Société Nationale
des Chemins de Fer
Belges, sur les
routes aériennes à
suivre pour les
départs ou les
arrivées à
l'aéroport de
Bruxelles National.
iv.
Les autres tâches
(missions ?) que
l'État belge
souhaite confier aux
États généraux dans
le cadre de sa
liberté politique
souveraine.
Recommande à la
partie défenderesse,
l'ETAT BELGE,
représenté par le
Ministre de la
Mobilité, en charge
de Belgocontrol et
de la Société
Nationale des
Chemins de Fer
Belges, d'inviter au
moins les
administrations,
personnes, entités
juridiques ou
acteurs de droit
privé ou public
suivants à
participer aux "Etats
généraux de
l'aéroport de
Bruxelles" :
i. Au
niveau de
l'administration
fédérale :
-
Monsieur le Premier
ministre
- le Ministre de la
Mobilité, en charge
de Belgocontrol,
- le Ministre de la
Sécurité et des
Affaires
intérieures,
- le Ministre de la
Défense
- le Ministre du
Travail, de l'Economie
et de la
Consommation
- le Ministre des
Affaires Sociales et
de la Santé
- le Ministre de la
justice
ii.
Au niveau
administratif des
régions :
- la
Région Flamande,
- la Région Wallonne
- la Région de
Bruxelles-Capitale
iii.
Au niveau
administratif des
villes et des
communes :
-
toutes les villes et
communes de la
région de
Bruxelles-Capitale,
- toutes les villes
et communes de la
province du Brabant
flamand,
- toutes les villes
et communes de la
province du Brabant
wallon
iv.
et en outre toutes
les administrations
ou acteurs,
personnes, personnes
morales privées ou
publiques que l'État
belge, dans le cadre
de sa politique
souveraine, souhaite
inviter à participer
aux " États généraux
de l'aéroport de
Bruxelles ".